Participer à une Game Jam dans les meilleures conditions
Qu’est-ce qu’une game jam ?
Avoir un temps donné pour faire un jeu répondant à une contrainte donnée. Les contraintes peuvent être de diverses natures : technique (un moteur de jeu en particulier), artistique, de taille d’équipe, de temps, technologique (sur un support en particulier, VR, GameBoy par exemple). C’est un super moment pour approfondir vos connaissances, mettre en pratique des notions qui jusqu’à présent n’étaient que théoriques, rencontrer des gens qui partagent la même passion et alimenter votre book et/ou cv.
De nos jours, il y a une game jam (voir plusieurs !) tous les jours. Vous pouvez voir sur la page itch.io (une plateforme de distribution de jeux) l’ensemble des game jams en cours et futures.
Si je devais n’en citer que 2, ce serait la Global Game Jam et la Ludum Dare. La première se passe une fois par an, c’est un évènement qui est suivi dans de nombreux pays. Avant le covid, la Global Game Jam prenait part physiquement, vous pouviez donc vous inscrire et vous retrouver dans un lieu dédié à la création pendant 2 jours. Il était fréquent que certains studios de création soient hôtes durant cet évènement.
Concernant la Ludum Dare, c’est un évènement biannuel qui a lieu au mois d’avril et d’octobre. Cette game jam se déroule également durant 2 jours, mais elle se passe en ligne.
Ma première Game Jam (qui n’en est pas une) :
Lorsque je travaillais en ESN, on était un petit groupe de dev à vouloir faire des jeux vidéo. Un jour, on s’est lancé ! On avait prévu un weekend pour faire un jeu ! Nous n’avions pas attendu qu’une jam soit organisée, nous avons nous-même défini nos contraintes. Afin de nous préparer, nous avions commencé chacun à nous pencher sur les outils qui allaient nous être utile pendant ce week-end. C’est comme ça que pour la première fois j’ai vraiment touché à Unity.
Un conseil, ne venez pas les mains dans les poches en vous disant que vous allez apprendre pendant une game jam ! Il faut avoir une connaissance suffisante du sujet et des outils avec lesquels vous allez travailler. C’est un moment pour approfondir ses connaissances, pas pour dérouler des tutos. Par contre, le fait que vous ayez besoin d’aller dans la doc, de chercher des notions précises sur tel ou tel outil est largement encouragé. C’est un moment dédié à l’exploration, à l’innovation.
Participer en solo, en duo, en équipe :
En fonction de la nature de ce que vous voulez faire dans un jeu, il est possible de participer à des jams solo, en duo ou en équipe. Dans un premier temps, je vous conseille vivement de faire ça en équipe. C’est toujours compliqué au début de savoir ce qu’il est possible de faire en jam. Si vous avez la chance de tomber dans une équipe avec des personnes expérimentées, vous aurez l’occasion de monter en compétences plus rapidement.
Les choses à faire avant la jam
Définir les horaires de travail :
Il faut que toute l’équipe soit d’accord avec les horaires de début et de fin de journée de la jam. Il est très tentant de faire des nuits blanches lors des jams, mais par expérience, je vous le déconseille.
Préparer ses outils :
Pour profiter au mieux de ce moment de création, je vous conseille de préparer votre matériel :
- mise à jour en tout genre (OS, driver graphique, moteur de jeu)
- trier les ressources que vous pensez pertinentes (pack d’asset graphique, plugin de moteur de jeu, musique et sound design)
- déterminer le matériel dont vous aurez besoin le jour J (PC portable, clavier, souris, casque, tablette graphique, rallonge électrique, hub usb, manette, multiprise électrique, second écran, clé usb, clavier midi, etc.)
- configurer un gestionnaire de version, outil indispensable pour un travail collaboratif efficace qui peut se révéler très utile en solo également.
Pendant la Jam
Une fois votre équipe constituée et le sujet/contrainte présenté, il va falloir échanger et choisir un projet. Voici quelques conseils pour choisir :
- Définir un objectif simple : un objectif pour vous et un objectif pour votre projet
Définissez un objectif en fonction de votre profil ou celui de votre équipe. Par exemple, si vous n’avez pas de graphiste, ne faites pas reposer le projet sur les graphismes. Définissez des rôles, donnez-vous des missions.
- Choisissez un projet simple :
La folie des grandeurs est l’un des ennemis majeurs d’une game jam. Il est très fréquent de sous évaluer le travail à réaliser. Pour ma part, maintenant je me concentre sur une seule chose. Une mécanique de gameplay, une idée de level design ou autre chose, mais je choisis une seule chose !
Planifier ! :
Une fois le projet choisi et chaque membre de l’équipe ayant connaissance de sa mission, vous pouvez définir ensemble du planning de la game jam. C’est un exercice super intéressant pour se challenger et monter en compétences sur l’estimation des tâches. C’est une compétence très importante pour le bon avancement de tout projet (qu’il soit personnel ou professionnel, solo ou en équipe).
Commencer simple :
Vous avez une idée de mécanique de gameplay, il faut pouvoir la tester rapidement pour voir si vous avez eu une bonne intuition. Pour cela, nous n’avons que très rarement besoin de superbe graphisme et sound design. Mon conseil ici est donc de commencer simplement. Des formes géométriques simples, avec du code simple (pas besoin d’aller chercher des notions de design pattern, etc.), ici on veut savoir si notre idée fonctionne. Plus vite on a le jeu en main, plus vite on peut ajuster ce qui doit être ajusté et itérer de nouveau pour avoir une vue d’ensemble des fonctionnalités principales du jeu.
Itérer régulièrement :
En itérant régulièrement vous allez ici prendre conscience du temps qui passe. Donnez-vous un temps cohérent pour faire les choses, mais faites attention à l’effet tunnel, rien n’est plus frustrant d’avoir passé 2 heures sur un code, un asset graphique ou sonore, qui ne sera pas utilisé ! À la fin d’une itération, faire une session de playtest, faire le point sur ce qu’il reste à faire, les chose à ajuster et estimer si le temps restant parait suffisant pour faire tout ce à quoi vous avez pensé.
Couper les fonctionnalités :
Même si votre plan de départ est correct, vous allez sans doute faire face à des imprévus. Il va donc falloir faire un choix dans les choses que vous voulez faire pour le reste du temps qu’il vous reste. De ma propre expérience, plus tôt on prend conscience que certaines choses ne seront pas faites, mieux c’est.
Faire une archive de fin de game jam :
Avant la fin, prévoyez-vous du temps pour faire un peu de nettoyage dans le projet. On peut penser aux actions suivantes :
- Mettre des commentaires dans le code
- Supprimer les éléments graphiques et sonores qui ne sont pas utilisés
- Renommer les éléments avec des noms plus parlant (”TestMap3” par “FlowerMap” si celle-ci a pour signe distinctif des fleurs)
- Ranger et trier les ressources (les scripts avec les scripts, les musiques avec les musiques, etc.)
- Faire un commit final sur l’outil de gestion de version une fois le grand nettoyage terminé
L’après Game Jam :
Suite à la game jam, il est possible que vous ayez envie de travailler de nouveau sur le projet. Pour corriger des bugs par exemple, ou simplement parce que vous sentez le potentiel du jeu et que vous voulez pousser plus loin le projet. Dans ce cas, il est toujours bon de se mettre d’accord avec les membres de l’équipe, sur les objectifs de chacun et si oui ou non il souhaite continuer à travailler sur le projet.
Quelques ressources :
Sur itch.io il y a une page dédiée aux ressources pour la création de jeu : https://itch.io/game-assets
Le client git que j’ai utilisé pour ma dernière game jam (et que j’utilise toujours) : https://git-fork.com/ (payant, mais avec une période de test extrêmement généreuse, c’est un peu le winrar des clients git !)
Vidéo présentant quelques jeux réalisés lors de la Video Games Lab : Game Jam 2021 : https://www.youtube.com/watch?v=rIvP5HQEWjA&ab_channel=At0mium
Vidéo des meilleurs jeux la Game Maker Toolkit Jam 2021 : https://www.youtube.com/watch?v=9U4Zoagd_40